J’ai commencé à travailler cette semaine et j’ai remarqué un mécanisme de défense dû à mon syndrome de l’imposteur (auto-diagnostique non-scientifique). J’aime avertir d’emblée les clientes que je suis nouvelle, donc probablement inadéquate. Ça me permet d’abaisser les attentes et de me détendre. Vous ne pouvez pas être déçues! Je vous avais averti que je ne savais rien.
J’aimerais faire la même chose ici. J’ai commencé à écrire parce que j’en ai toujours long à dire à propos de tout. Mais aussi parce que je trouve assez agaçant de ne trouver sur les réseaux sociaux que l’image de la mère parfaite qui nage dans le bonheur sans fin de la maternité. Je trouve qu’être maman c’est loin d’être un univers peuplé de licornes qui chient des arcs-en-ciel.
Sauf que, voilà, pour être honnête je ne comprends pas pourquoi je trouve ça aussi difficile. Parce que, vraiment, je vis dans de la grosse ouate à saveur de fraise.
D’abord, mes enfants sont magnifiques et en santé. Bon, ils ne sont pas arrivés en nombre et à intervalle prévu. Mais n’empêche que je les ai tous mené à terme, avec des grossesses faciles. Ils ont tous été allaité. Ils mangent à me ruiner, sans aucune allergie ou intolérance. Ils ne dorment peut-être pas, mais pour être franche, quand on me dit qu’un bébé dort, j’assume automatiquement que je fais face à un cas de mythomanie.
Ensuite l’Homme qui a engendré cette tribu doit probablement être le portrait type du père parfait dans les livres de la coparentalité. Je ne sais pas, je n’ai pas lu de livre sur la coparentalité. Ce qui prouve mon point.
Après, il y a tout le village qui m’entoure dans cette folle aventure. Ma mère, travailleuse autonome, qui a fait tourner ses horaires autour de ma réalité. Mes beaux-parents retraités qui nous ont hébergés, nourris, accompagnés, construit un sous-sol, etc. La fratrie qui nous a donner des bras et des petits plats. Des tantes. Des cousines. Des voisins. Des amis. Sans parler des ressources du quartier dont j’ai usé et abusé.
Même les finances ne posaient pas de problème puisque d’être maman à la maison c’était un projet de vie qu’on mijotait depuis longtemps. On avait donc prévu le coup.
Malgré tout ça, je n’ai pas réussi. Pas réussi à garder mes enfants à la maison. Pas réussi à m’occuper d’eux dans la joie et l’allégresse de Pinterest. Pas réussi à prendre soin de moi, de ma santé mental et physique. J’ai fini par être une pas pire épave.
Alors je me demande: qui suis-je pour parler de détresse? Je sens que je n’ai pas le droit, parce que je n’ai pas de justification pour la vivre. Le contexte de ma vie invalide ce que j’écris. Je suis un imposteur.
*Mais ma plus grande question est: comment font les autres mamans?
*NOTE: il n’y a pas de féminin pour imposteur. Je préfère m’approprier le terme masculin, mais si ça vous indispose, je laisse imposteuse ou impostrice disponible ici.