Parfois, j’ai droit à quelques minutes de grâce. Tous les astres s’alignent. Le vent souffle dans la bonne direction. Chacun est exactement à sa place, en harmonie avec tout le reste. Je m’arrête et je regarde leur dynamique se déployer devant moi.
Puis, je pars le compteur.
Bien évidement, ça ne dure que quelques minutes. La balance penche et une injustice d’urgence nationale doit immédiatement être rapporté aux plus hautes instances juridiques.
J’ai la naïveté d’espérer que ça finira par durer.
Un jour.
Parfois rien ne va plus. Il y a trop de petits êtres humains au mètre carré. Le vent vient du nord. C’est la pleine lune. C’est peut-être qu’il n’y a pas assez de maman. Tous réclament l’exclusivité. Je m’arrête et je suis bien dépassée.
Puis, exactement au moment où j’en arrive à la conclusion que la seule solution est d’en mettre un aux enchères, un enfant me surprend.
Ma Grande apporte un petit pot (de médicament) qu’elle administre soigneusement aux Jumeaux maltraités. D’emblée, ils la suivent dans ce monde où un câlin de maman est remplacé par une poudre chimérique.
Je suis impressionnée par son imagination, mais surtout par la douceur de son âme et la justesse de son instinct. Elle n’a pas que sauvé sa fratrie d’un chagrin innommable, elle m’a appris quelque chose.
Le soulagement m’envahit. J’ai l’impression de voir une micro-société devant moi. Une autarcie où on prend soin les uns des autres. Ça me donne le courage d’être imparfaite. Ils sauront palier à mes manquements. Je serai toujours périodiquement complètement dépassée. Mais, j’essayerai de leur apprendre tout ce que je peux dans les moments où je serai au meilleur de moi-même.