Le Slow Parenting, ou la parentalité lente, pour moi, c’est se désengager autant que possible de toutes obligations externes pour privilégier ses tripes. Avec du temps et de l’espace, c’est de l’intérieur que vient la spontanéité et la créativité. Suffit de regarder les enfants aller pour comprendre. Ils n’ont besoin que du temps. Du temps pour les soins, du temps pour connecter, du temps pour jouer. Jouer c’est sérieux.
Le matin, je trace une douce esquisse de ce que pourrait être la journée qui s’entame. Je propose et je m’ajuste en fonction de l’énergie de tous. Je ne dors pas au gaz, il n’y a rien de oisif à observer les petits et user de créativité pour trouver des compromis. C’est sans parler de gérer ma propre déception quand mon agenda n’est pas suivi. Vérité choc: mon agenda n’est jamais pris en compte! Les choix qui dictent notre journée appartiennent au groupe et nous devrons tous vivre avec les résultats qui en découlent.
Si je force la Triade à aller à l’épicerie alors que personne n’a l’énergie, fort probablement que toute l’expérience sera désagréable. Parfois, vaut mieux manger des céréales sur le plancher. Évidemment, je ne tiendrai pas une semaine avec ce menu. Viendra un moment où le besoin de nourriture fraîche sera beaucoup plus important que la cabane sous la table. La même contrainte devient enfin une aventure exceptionnelle, une mission de vie.
La magie avec le slow parenting, c’est de pouvoir regarder mes enfants grandir. Ralentir le rythme, c’est se donner de l’espace pour s’adapter. Et s’adapter, avec de jeunes enfants, ce n’est pas juste la clé du succès, c’est carrément une question de survie. En regardant en arrière, je réalise tout le chemin parcouru comme maman. J’évolue et me déploie dans ce nouveau rôle. Oui, je trouve ça encore nouveau et ça fera cinq ans. J’ai souvent l’impression que mes enfants me propulsent vers l’avant, vers le changement. Leur vitesse de croisière est telle que je tire de la patte parfois. Je me débats entre les idéaux vers lesquels j’aimerais migrer et les vieilles habitudes qui s’accrochent à moi comme des boulets.
Aujourd’hui par exemple, avec ce texte que j’écris après deux semaines sous silence. Je suis tiraillée entre la déception de n’avoir pas respecter mes engagements et le bonheur que m’a apporté mes choix conscients. J’ai choisi la lenteur et la connexion avec des humains que j’aime. Mais j’ai failli vis-à-vis mes objectifs. C’est une vieille habitude qui ne me sort pas de la tête. Cette habitude d’être productive, d’être fiable, d’être constante et prévisible. C’est un automatisme dont j’essaye de me défaire depuis longtemps. Avant même les enfants, je rêvais de lenteur.
Je rêve de lenteur, non pas pour m’écraser sur le sofa, quoique… mais plutôt pour prendre le plein de contrôle de ma vie. J’aime beaucoup cette idée de faire des choix conscients, d’avoir le libre-arbitre. On pourrait philosopher longtemps sur le sujet, mais supposons un instant que notre vie est véritablement entre nos mains. Eh bien moi, j’ai besoin de temps pour décider de ce qui est le mieux. J’ai besoin d’espace pour pouvoir être créative et c’est ce qui me permet de moduler nos routines. J’ai beaucoup de difficulté avec la ligne droite, la constance. Si j’étais un graphique, j’aurais plutôt l’air des Rocheuses.
À l’inverse, quand je suis prise dans le tourbillon des choses à faire, je tombe dans mes automatismes. Rien de tel que de faire face à 8 tantrums avant 10h pour voir que mes automatismes sont vraiment des réponses médiocres aux aléas de la vie. Un constat déchirant, mais éclairant.
Les enfants ont besoin de temps et d’espace. Moi aussi. C’est un choix de famille que d’en faire moins. Ralentir est un combat constant contre le monde qui nous entoure. Contre nous-même aussi bien souvent. Parce que les possibilités sont infinies et qu’on voudrait tout faire, il faut faire des choix, difficiles parfois. Dire non! Pour mieux dire oui à autre chose.

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