– Les Solitudes Amoureuses –

Qui dit fête de l’amour, dit beaucoup de questionnement sur la matière. L’amour. Un sujet obscur, s’il en est un. Dans la dernière semaine j’ai vu beaucoup de publications qui remettent en question le couple. Baignant dans l’univers périnatal, on ne se cachera pas que la petite enfance est une période particulièrement difficile pour la Passsssssssssionneh!

Qu’est-ce qui est réaliste, han? Toujours cette quête de normalité.

J’ai déjà raconté à quel point j’aime mon chum. Dans cette 19ème année qu’on entame, on se cherche encore, évidemment. Je ne vendrai pas de rêve de licorne à personne. Par contre, je me sens assez en sécurité dans notre aventure pour revenir en arrière un petit peu.

C’est l’histoires de deux solitudes, en couple.

À la naissance de ma Première, j’ai vécu une matrescence très intense. De l’anxiété dans le tapis. Une adaptation difficile. 17 mois plus tard, les Jumeaux arrivaient. Une vraie bombe. Il est probable que l’Homme vit une dépression post-partum à ce moment. Moi, je coule quelques mois plus tard dans un possible épuisement parental.

Une distance s’installe. Le mode survie s’enclenche. Concrètement, ça donne des scènes indignes d’un chick flick. J’ai besoin d’espace. Je suis à peine capable de me forcer pour un minuscule bec de bonne journée. Je sais que ça fait mal. Mais chaque touché me demande une force surhumaine. Entre l’allaitement et le manque de sommeil, mon corps hurle et s’insurge.

Un matin, je me souviens précisément, ma carcasse lourdement accotée sur le poêle, je me fais un café. MON café. Pas le nôtre. Comme un coup de poignard dans le cœur, je prends conscience qu’Il n’est plus sur la liste des êtres humains dont je me préoccupe. On ne se parle plus, on se texte. Chacun dans une pièce, avec un bébé ou un autre dans les bras. Une relation virtuelle. Une relation d’affaire. Tel bébé a faim. Tel bébé a été changé. Peux-tu partir le séchage?

Deux parents monoparentales en collocation.

Dans toute cette détresse, j’appelle à l’aide. Je travaille sur moi, c’est une question de survie. Je vois bien la drame qui se joue, mais je n’ai pas la force. Pas la force de me connecter à l’autre. Je laisse aller les choses. J’ai peur. On ne passera pas au travers. La travailleuse sociale du CLSC remarque bien vite le nœud et propose de venir nous voir le soir, ensemble. On est forcé de se parler, d’écouter, de connecter.

Quand j’ai cinq secondes pour penser, je vois bien qu’on s’aime. L’amour est là, en dessous de la routine, des besoins des enfants, de la logistique familiale. Ce n’est pas un manque d’amour, mais une grande détresse pour les deux. Comment s’aimer quand on est brisé.

Quand on regarde en arrière, on est chanceux d’avoir autant d’histoire. Je n’ai pas envie d’effacer tout ça, le jeter à la poubelle. Tout ce beau est encore vrai, même si ces deux humains sont différents maintenant.

Quand on regarde en avant, on a envie d’aller à la même place. On partage des rêves. On a la même vision de la famille. Alors on s’accroche, en croisant les doigts très fort que nos chaloupes trouées se rejoignent l’autre bord du brouillard.

Aujourd’hui, deux ans plus tard, j’ai l’impression de revenir vers de pâles reflets de notre ancienne vie. L’espace-temps change, je me permet d’exister pour et par moi-même et lui aussi. Ce qui me donne envie de le retrouver avec excitation. L’équilibre est fragile entre le temps de famille, le temps personnel et le temps de couple. Mais parce qu’on surf ensemble à nouveau, j’ai confiance.

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