Le parfait équilibre n’existe pas. Du moins, s’il existe, il est tellement éphémère qu’il ressemble plus à l’illusion.
Dimanche dernier, à 11h33 plus précisément, c’était l’équinoxe du printemps. Le moment précis où le soleil traverse l’équateur. Pendant une toute petite journée, le jour et la nuit sont en parfait équilibre, partout sur la planète. Ni plus dans la noirceur ou plus dans la lumière. Ni dans la chute ou l’ascension. Ni dans le rapprochement ou l’éloignement. Un bref moment de grâce dans cette valse des astres.
Un instant en suspension avant que le mouvement reprenne.
Ça, c’est la théorie, parce qu’en pratique, il y a des effets atmosphériques qui change notre perception de la réalité. J’apprends aujourd’hui qu’à Montréal, « l’équiluxe » (équilibre jour/nuit) serait arrivé à peu près 3 jours avant. C’est pas moi qui le dis, c’est Espace pour la Vie. Comme quoi il n’y a jamais rien de simple sur cette terre.
Toujours est-il que ce printemps, tant attendu, est enfin officiellement commencé. J’en parlais déjà depuis quelques publications sur mes réseaux sociaux. Ça se sent dans l’air et la lumière, cette transformation. C’est maintenant officiel.
Je trouve ça beau l’équinoxe. Tellement excitant.
En fait, j’aime toutes les saisons. Par contre, s’il y a quelque chose que j’ai appris en vivant à l’extérieur du Québec, c’est que nulle part ailleurs le printemps est aussi fort qu’ici. Est-ce que c’est parce que les érables coulent? Parce que nos hivers sont plus froids? Parce qu’on a le sang chaud? Parce qu’on aime se rassembler? Je ne suis pas certaine encore, mais le constat reste. Les rues de mon quartier bourdonnent de trottinettes et de vélos, de marcheurs et coureurs. Les parcs se remplissent et les terrasses déborderont bien vite.
Et cette notion d’équilibre de l’équinoxe me fait bien rire. Qui dit changement de saison, dit adaptation. Depuis deux semaines déjà, je laisse les pantalons de neige sur le crochet dès que possible. Je vis dans un chaos constant de tuques et de mitaines de toutes épaisseurs. Je fais presque de l’anxiété à ne plus savoir comment habiller un humain. Ce n’est qu’un détail. Tout est toujours une question d’adaptation et de changement.
Pour moi, l’équilibre statique n’existe pas. Tout n’est que mouvement. On apprend à se rattraper ou à tomber. Si on ne veut pas couler, vaut mieux apprendre à surfer. Au mieux, on peut vivre un instant de ralentissement, ces moments furtifs et parfaits qu’il faut savourer à pleine conscience. Comme nos fesses qui se soulèvent du banc, en haut du manège, tout juste avant de redescendre à pleine vitesse.
Comme un équinoxe de printemps.
