C’est sans grande surprise que je déclare que je suis parfois, parfois souvent, à boutte. C’est vraiment un état qui est légitime dans ma maison. C’est nommé et établi comme émotion. Mon fils, a deux ans, qui, résistant à son changement de couche, me demande: eke t’es à boutte maman? Oui mon fils, tu lis bien la situation, maintenant laisse-moi te nettoyer, par pitié.
Par contre, je ne marine pas dans mon abouttisme, du moins j’essaye autant que possible. Je trouve que c’est un état qui est vraiment inconfortable et peu agréable à long terme. Ça fait plusieurs années que je tente de trouver tous les moyens pour ne plus l’être.
J’ai le malheur d’annoncer que je n’ai pas trouvé.
C’est plate han! Ça serait chouette un beau petit livre en 5 ou 6 étapes pour ne plus être à boutte. Jamais. Mais bon, en attendant de trouver le manuel pour éradiquer complètement cette situation dans ma maison, je fais ce que je peux.
Et ce que je peux, c’est de montrer clairement et calmement (facultatif) à mes enfants que je suis tout juste sur le bord de basculer de le ravin impénétrable d’un tantrum parental. J’ai essayé pendant longtemps de juste avaler mon impatience. La refouler. C’est si laid, si peu maternelle la colère, n’est-ce pas? Pourtant, ça ne fait qu’exploser dans un tourbillon de laideur qui éclate sur les murs.
Alors j’ai opté pour l’authenticité. Voilà, c’est dit en toute honnêteté, mes enfants me font chier. C’est pas de leur faute! C’est leur âge (et leur nombre) que je trouve difficile. C’est ma fatigue et mon manque d’énergie. C’est la quantité d’émotions à gérer dans une journée et ma limite. Car non, je ne suis pas un puits sans fond d’accueil et de bienveillance.
Et finalement, pour ma fête, je me suis gâtée. La dépense folle: des coquilles anti-bruit. Une révélation. C’est une idée pigée dans la tête de Cinq Minute Pour Jouer. Mais j’hésitais. J’avais honte. Ça ne se fait pas voyons! Déconnecter de ses enfants comme ça.
Qu’on se comprenne, j’aimerais mieux m’enfuir au Népal bien souvent, mais considérant qu’ils se crèvent les yeux avec des fourchettes si je m’enferme dans la salle de bain pour respirer, je pense que les coquilles sont, sommes toute, plus sécuritaires.
Le plus impressionnant? Ça fonctionne! En me coupant quelques dizaines de décibels, je peux rester présente et beaucoup plus patiente. J’aurais tellement dû en avoir avant! Pourquoi l’hôpital ne nous en fournis pas en sortant avec notre nouveau-né? Il me semble que cet outil serait beaucoup plus concret et efficace que la petite feuille à accrocher sur le frigo: Plan D’Intervention en Cas d’Envie de Secouer le Bébé.
J’en parle à toutes les jeunes mamans à boutte autour de moi. Je reçois tellement de commentaire positif que je me demande si je ne pourrais pas me faire commanditer. Devenir influenceuse de coquilles anti-bruit et sauver l’humanité de l’abouttisme maternelle. C’est si noble.
Je ne m’envolerais pas pour le Mexique. Une retraite silencieuse dans la forêt laurentienne me conviendrait très bien.

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