– L’Ortodonthie (une histoire de perfection) –

J’attends patiemment, confortablement assise sur une chaise longue de luxe chez le dentiste.

Quand tu apprécies, que dis-je, savoure ce moment de gracieux calme, c’est là que tu comprends que ta vie manque de temps mort. Et de sainte paix.

J’attends, donc, et j’en profite pour jeter sur mon application, le plus rapidement possible, ce qui me traverse l’esprit. Je sens que j’ai quelque chose à partager ici. Une espèce d’analogie de la maternité, mais peut-être aussi de la vie en générale.

J’attends qu’on gère la petite carie que j’ai au fond de la bouche. La dentiste hésitait, attendre ou la traiter. Aller! Qu’on la traite! Elle est là depuis 10 ans, tranquillement en formation. L’ancienne dentiste m’avait averti de bien passer la soie dentaire. De le faire comme si ma vie en dépendait!

Clairement, j’ai peu de respect pour ma vie. Comme je racontais, la routine quotidienne est un véritable défi pour moi. Pourtant, j’y arrive très bien pour les enfants! Mais moi, mes besoins et mes envies prennent rapidement la poudre d’escampette quand je vois le temps défiler à vitesse grand V. Il semble que dormir 10min de plus au lieu de prendre le temps d’avoir une bonne hygiène dentaire soit mon choix prioritaire.

Je continue d’attendre donc, puisque j’ai préféré que la petite carie soit éradiquée. Il faut se rendre à l’évidence, je n’ai pas les compétences, la discipline ou la force d’esprit, appelle ça comme tu veux, de la combattre moi-même.

Mais où est l’analogie? Elle n’est pas dans ma carie. REste avec moi, ça s’en vient. Dans toute la discussion avec la dentiste, il y a eu ce souhait émis que je consulte en orthodontie. À 35 ans. Mais quelle idée saugrenue!

C’est que j’ai les dents légèrement décentrées par une molaire mal orientée. Dans le jargon on dit que je suis cross-bite. Comme je n’ai aucun inconfort à manger ni de migraine, je ne vois vraiment pas l’utilité de dilapider mon argent pour un sourire micro plus beau. Et puis, comme j’ai dit à la dentiste, j’ai déjà 3 enfants, c’est pas comme si j’avais besoin de charmer pendant la saison des amours pour procréer encore plus.

Pire! Imagine que ça me rende irrésistible! Non merci.

Pas trop déstabilisée par mon refus, elle m’explique qu’ainsi va la vie d’un dentiste. Ils veulent la perfection que veux-tu?! Les patients préfèrent qu’on les laisse tranquilles. J’apprécie son honnêteté. Et surtout qu’on me laisse tranquille.

Est-ce que ce n’est pas frappant?

Avec l’hyperspécialisation dans tous les domaines et toutes ces recherches de plus en plus poussées, on arrive à un moment dans l’histoire de l’humanité où la listes d’injonctions pour atteindre la perfection n’est juste plus viable. Particulièrement dans la maternité, mais je pense que c’est plus global que ça comme phénomène. Pauvres bonnes femmes que nous sommes, à crouler sous le poids de la culpabilité de ne pas atteindre les standards du dentiste, de la nutritionniste, du psychoed, de l’orthophoniste, du physio, de la santé publique et j’en passe.

(Faut bien que je finisse ce texte, j’ai mes enfants à aller chercher.)

Alors, on s’en va où à partir d’ici. J’en conviens que la science et les avancées sont merveilleuses. Je ne suis pas celle à être nostalgique du temps des arracheurs de dents. Je ne vais pas brandir mon slogan: j’ai les dents croches et ça ne m’a pas empêché de copuler, moi, Alyssia-Joan!

(Est-ce que ma référence aux mononcs pas mort de la fessée est bien réussie?)

Je suis pour l’évolution de l’humanité.

Je suis aussi pour la santé mentale en générale et je me pose de sérieuses questions à savoir comment évoluer de façon zen, sans anxiété de performance de ce complexe 21ème siècle.

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