C’est un doux vendredi d’été. Nous avons finalement notre congé de l’hôpital. L’Homme court presque pour sortir le plus rapidement possible. Dans sa hâte, je dois lui rappeler que j’ai le périnée qui traîne à terre d’avoir expulser notre précieux paquet d’amour, il y a à peine 48h. J’ai l’impression de m’être fait rentré dedans pas un bus tsé. Du calme.
C’est l’époque où nous n’avons pas de voiture. Mes Beaux Parents nous ramènent à la maison. C’est la première fois qu’on y entre en tant que famille. Nous sommes contents. On va pouvoir se reposer. Enfin. Les Beaux Parents quittent. Le soleil se couche lentement. Je baisse les yeux sur ma petite merveille…
Et puis BANG! comme un coup de poignard dans le ventre, je réalise que je suis complètement incapable de m’occuper d’un bébé neuf. Non mais, c’est pas sérieux! Comment est-ce qu’on a pu me donner mon congé? Clairement ce bébé ne passera pas la nuit. Je suis inapte. Je n’ai même pas changé de couche de ma vie. Il n’y a aucune chance qu’elle survive. Je sais pas quoi faire avec ça!
C’est une angoisse vague et diffuse qui part des trippes et qui irradie jusque dans la gorge. Les larmes coulent. Je ne comprends pas ce qui se passe. C’est complètement irrationnel. Elle va arrêter de respirer. Sûrement. Ou je vais l’échappée, je suis tellement maladroite. Ou elle aura un malaise et je ne saurai pas quoi faire. Ou je ne me rendrai juste pas compte que quelque chose cloche. Comment on fait pour savoir qu’un bébé fait de la fièvre? Je sais pas ça moi.
Je subirai ce tsunami d’angoisse tous les soirs, vers 8h, pendant 8 semaines. Je me dirai bien souvent que ce n’est pas normal de vivre ça. Que ce n’est pas une vie! Voyons dont! personne ne m’a dit qu’avoir un enfant ferait de moi une anxieuse olympique.
Je ne me souviens pas de la nuit qui a suivi. Mais je me souviens au petit matin d’attendre impatiemment qu’il soit une heure décente pour texter ma Belle-Soeur. Il était prévu qu’elle vienne nous visiter avec sa tribu. Elle pensait arriver plus tard, histoire de nous laisser du temps. Je voulais qu’elle soit là MAINTENANT! Si j’avais pu la téléporter dans mon salon à 4h du mat, je l’aurais fait. Elle a 3 enfants, elle. Elle sait ce qu’elle fait, elle.
Le cellulaire fini par afficher 9h. Je l’appelle. Pitié! À l’aide! Est-ce que ça te dérange de donner le bain à mon bébé? Parce que vois-tu, l’infirmière nous a montré un protocole digne d’une opération à cœur ouvert. Savais-tu qu’il fallait utiliser des gazes stériles et de l’eau stérile pour nettoyer les yeux d’un bébé? Moi, dans ma grande naïveté, je pensais qu’on lavait un bébé à la débarbouillette. Hérésie!
Deux ans et demi plus tard, ma Grande respire toujours. Je ne l’ai jamais échappée, mais je lui ai cogné la tête quelques fois dans le cadre de porte. Je sais comment prendre sa température et je sais définitivement changer une couche! Mais, ne dites pas à l’infirmière que je lave mes enfants à la débarbouillette.
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