[Le conte de fée]
On parle souvent de l’attachement instantané dans le folklore maternelle. Je pensais que c’était un mythe. Je rangeais ce genre d’histoire dans le même tiroir étiqueté « mythomanie maternelle » que les phrases stupides tel que: c’est que du bonheur. Tu sais? Ce conte de fée où maman tombe éperdument en amour avec son bébé à peine expulsé.
J’étais plutôt préparée à l’autre expérience, celle où on doit apprendre à connaître ce petit bout d’humain. Ce n’est pas parce qu’on l’a incubé pendant 9 mois qu’on est automatiquement en amour.
Alors, j’ai été frappée de plein fouet. À peine l’anneau de feu estompé, je reçois ce petit tas gluant et gigotant sur le ventre. Et mon cœur explose! Je n’ai jamais rien ressenti d’aussi puissant. D’aussi foudroyant. C’est l’extase la plus complète. Je ris. Je pleure. Pendant qu’elle me badigeonne de méconium.
Dans les jours qui suivent, j’ai surtout peur. J’étouffe. Cette vague d’amour qui me submerge me semble trop puissante pour mon frêle petit corps. Est-ce que c’est ça le baby blues? Est-ce que les hormones viennent tout changer de nos perceptions? De nos émotions?
Je me rends compte que j’avais peut-être des petits problèmes d’engagement. Cette notion d’être maman pour la vie m’indispose. J’ai même contemplé l’idée de m’enfuir (philosophiquement). Mais même si je me poussais au Népal, ma fille ferait toujours partie de moi. Je ne crois pas qu’on peut entièrement occulté la mise au monde d’un enfant. C’est inscrit dans la mémoire cellulaire de ma chaire. Il n’y a pas d’issue.
Je me suis donc laissée malmener par ces vagues d’amour de force tsunamique. J’avais une quête de perfection anxiogène. Je suis tombée dans une angoisse semi-permanente pendant quelques mois. Tous les soirs, à la tombée de la nuit, mes trippes se tordaient et je pleurais, convaincue que je n’avais pas les aptitudes nécessaires pour passer au travers. Faudra que je raconte un jour…
Est-ce que ça aurait pu être plus simple si l’attachement n’avait pas été aussi instantané et foudroyant?

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