Je marche d’un pas rapide. Je suis stressée. Peur d’être en retard. Peur que mes bébés pleurent sans arrêt jusqu’à mon retour. Peur que les personnes qui les gardent soient en panique. Je ne peux que projeter ma détresse sur elles.
Pour la énième fois j’ai demandé de l’aide. Encore. Toujours. Un peu plus. Ce n’est jamais assez. J’essaye de profiter de l’air frais du printemps. J’essaye de me sentir libre. Légère. J’essaye de comprendre pourquoi je suis si brisée.
Je pleure tout le long du trajet. Par où vais-je commencer? Comment expliquer ma situation à la psychothérapeute?
C’est que je les aime avec toutes les cellules de mon corps vous voyez? D’une force qui me jète à terre et me brise en mille morceaux. Pourtant, je bouillonne de colère. Je ne sais plus comment me contenir. C’est incompréhensible. La culpabilité me noie.
Est-ce que c’est une dépression? Qu’est-ce que je suis supposée faire avec ça? Sans médecin de famille, je devrais me pointer à un sans rendez-vous, me faire prescrire une pillule? Si c’est ça que ça prend, soit! Mais est-ce que ça me rendra fonctionnelle malgré les nuits de moins de 4h? La Travailleuse Social que j’ai appelé en panique pense que non.
Alors j’essaye autre chose.
Je voudrais juste dormir. Des mois durant. Je voudrais m’enfuir. Disparaître. Je voudrais que quelqu’un appelle la DPJ et m’enlève mes enfants.
C’est cette pensée-là qui déclenche toute ma démarche. Plus j’ai besoin d’air et que cette image m’habite, moins je suis capable de laisser mes enfants pour ne serait-ce qu’aller prendre une douche. C’est une spirale infernale. Ce n’est pas normal.
Des mois plus tard je tomberai sur le livre de Suzanne Vallières qui explique le burn-out parental. Ma lecture sera constamment ponctuée de Ha Aaaaaah! Ce n’est pas un diagnostique possible, l’épuisement parental. Ce n’est pas une condition valide. Pas encore. Mais c’est exactement ce que je m’auto-diagnostique.
Quand j’y repense encore, la honte est intense. Ça fait mal. Comme un coup de poignard. Comment ai-je pu? Comment je me suis rendue là? À partir de ce point-là, comment on reprend confiance en soi?
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