Ce n’est pas la première fois que j’aborde le sujet, la distinction entre le jeu et le travail me fascine. Tantôt les deux mondes sont complètement séparés, tantôt la ligne devient si mince et floue qu’ils ne font qu’un. Je regarde mes enfants et je suis impressionnée par leur curiosité envers toutes les tâches et les travaux que nous avons à faire. Par imitation, par désir de connexion, ils nous suivent et veulent mettre la main à la pâte, parfois littéralement même.
Cuisiner, éplucher, couper le gazon au ciseau, ramasser les feuilles, corder du bois, jardiner, récolter, semer, nettoyer, plier, trier, soigner, réparer, construire, peindre, la liste est infinie. Si faire semblant est amusant, rien n’équivaut à la vraie vie et pouvoir contempler avec fierté le résultat final. Pour moi, jouer à faire semblant est une extension du travail réel.
Évidemment, il arrive que le jeu l’emporte sur le travail. Les enfants modifient les règles, on prend de petits détours ou encore on met complètement de côté l’objectif final. Parfois ils se fatiguent avant la fin du projet ou bien ils perdent complètement leur concentration. C’est bien normal, il n’ont même pas encore 5 ans.
À quel moment dans leur vie est-ce qu’ils perdront ce désir naturel de jouer à travailler? J’aimerais tellement que ce bonheur du travail accompli reste en eux. J’essaye de me souvenirs, mais je n’arrive pas à mettre le doigt sur le moment précis où le travail a perdu tout intérêt pour ne devenir qu’une grosse contrainte désagréable dans ma vie. Peut-être à l’adolescence? Peut-être quand j’ai commencé à être payée?
Pourtant, le travail fait partie intégrante de mon arbre généalogique. Ma mère travaille sans relâche, à m’en étourdir, (pourrais-tu juste prendre une tasse de thé maman, au lieu de frotter le plancher?) Ma lignée paternelle possède une cabane à sucre où j’y travaille depuis que j’ai 12 ans. Les heures sont longues, le travail est intense, mais le plaisir subjugue tous les inconvénients. Quand mon corps se fait submerger d’endorphine, que tout est fini, propre et rangé, je ne peux que sourire béatement et être satisfaite de ma journée bien remplie.
À bien réfléchir, ce n’est pas le travail en soit qui est rébarbatif, mais les conditions , les contraintes et l’équipe qui nous entoure. J’ai la naïveté de croire que tout être humain veut travailler, sinon la vie n’aurait aucun sens. Presque tous les hobby et activités de loisirs peuvent être une carrière en soit. Moi-même j’ai un statut bien étrange, celui d’être mère au foyer. Ce n’est pas vraiment reconnu comme un travail, un espèce de statut unique, parce qu’on ne peut le quantifié économiquement. Pourtant je pourrais être cuisinière, éducatrice en petite enfance ou encore couturière. Là j’aurais un statut quantifiable et honorable.
Entretemps, je travaille à jouer.
Pendant que mes enfants jouent à travailler.
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